IMPRESSIONS D'OMBRE ET DE LUMIERE

« La révélation de cette lumière, si éclatante qu’elle en devient noire et blanche, a d’abord quelque chose de suffocant. On s’y abandonne, on s’y fixe et puis on s’aperçoit que cette trop longue splendeur ne donne rien à l’âme et qu’elle n’est qu’une jouissance démesurée. »

L'été, en début d'après-midi notamment, la lumière s'installe avec beaucoup de force. C'est donc immanquablement un élément avec lequel j'ai joué.
J'aime les ombres sombres et intenses qui se dessinent tout autour de nous, en redéfinissant ce que l'on voit, elles occultent, elles se superposent. Il me semble que de cette manière, les éléments continuent leur expansion immatériellement, procurant un caractère mystérieux à l'atmosphère par une part d'intangible. Ces ombres dessinées par la lumière semblent insaisissables.
Mais ce sont aussi des processus d'impression par la lumière qui m'ont intéressés, comme la technique du photogramme. En effet, c'est directement la lumière qui construit l'image. Non seulement le photogramme est un négatif des objets, mais le processus est également un négatif de la situation de surexposition à laquelle je fais référence lorsque je parle de cette lumière puissante qui prend place l'été, puisque les images sont réalisées dans une pièce plongée dans le noir. D'autre part, la technique entièrement végétale de l'anthotype m'a intéressée, ainsi que l'exposition de tissus à la lumière du soleil pendant des temps très longs, soit plusieurs semaines. Les morsures du soleil altèrent la couleur des tissus, permettant l'obtention de nuances extrêmement subtiles. Il me plaît d'associer ce processus à l'idée d'un « shibori solaire ».
Ainsi, les impressions d'ombres et de lumières font naître de nouveaux graphismes et palettes colorées, propres à ce contexte.

PLEINE CHALEUR

Extrait de “Petit guide pour les villes sans passé”, L’été p.126, Albert Camus